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DECLARATION DU FOCODE DU 20 Octobre 2014 « 21 ans après, qu’avons-nous gardé de l’héritage du Président Ndadaye ? »

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« 21 ans après, qu’avons-nous gardé de l’héritage du Président Ndadaye ? »

21 ans après l’assassinat ignoble du tout premier Président de la République démocratiquement élu au Burundi, S.E Melchior Ndadaye, aucune lumière n’a été faite sur ce crime et la démocratie pour laquelle il se battait est gravement menacée. Le Burundi se trouve à la veille d’un processus électoral préoccupant et attend encore la mise en place de la commission vérité et réconciliation qui doit tenter d’éclairer un passé sanglant et sombre.

A la veille de la célébration du 21ème anniversaire de l’assassinat du Héro de la démocratie, le FOCODE tient à déclarer ce qui suit :

  1. Le FOCODE s’indigne que 21 ans après l’assassinat d’un président démocratiquement élu, aucun effort ne soit fourni pour déterminer les circonstances de sa mort ni les responsables de ce crime odieux. Tous les pouvoirs qui se succèdent à Bujumbura depuis son assassinat, qu’ils soient du FRODEBU, de l’UPRONA ou du CNDD-FDD brillent par leur inaction sur ce dossier.
  2. Le FOCODE fait le constat amer que, en dépit de son statut de Héro de la démocratie, le Président Ndadaye reste méconnu de la majorité des burundais, spécialement de la nouvelle génération de citoyens nés depuis son assassinat. Certains gardent de lui un mauvais portrait dépeint par ses adversaires politiques, d’autres de fausses idées et des préjugés suite à l’absence d’une bonne dissémination de l’idéal pour lequel il s’est battu. Ses compagnons et l’Etat du Burundi gardent une dette morale envers la société burundaise pour n’avoir pas su promouvoir les idées du président assassiné.
  3. Le FOCODE condamne la reprise des pratiques antidémocratiques que S.E Melchior Ndadaye avait ardemment combattues tout au long de son combat politique. En démocratie, les militaires doivent être placés en position de subordination aux autorités civiles ; il n’est pas normal qu’ils gardent, de manière directe ou indirecte, la réalité du pouvoir. De même, un pays sans indépendance de la justice, qui emprisonne injustement  les citoyens pour leurs idées politiques, qui menace les journalistes et empêche  le libre exercice des libertés politiques ; un pays comme celui-là a cessé d’être démocratique.
  4. Le FOCODE rappelle douloureusement que le Président Melchior Ndadaye a été assassiné par les services de sécurité qui devaient le protéger tout comme des milliers d’autres citoyens tués après sa mort. Aujourd’hui encore, des citoyens du Burundi fuient leur pays pour des raisons de sécurité ; la mère-patrie n’est malheureusement pas encore à mesure de rassurer tous ses filles et fils. Le président assassiné prônait un pays dénué des « complexes d’infériorité et de supériorité », le Burundi de 2014 distingue malheureusement parmi ses enfants de « vrais burundais » et « des ennemis du pays » oubliant que le Héro de la démocratie a souvent été stigmatisé de la même manière par ses prédécesseurs.
  5. Le FOCODE rappelle également que le Président Ndadaye a remporté les élections de 1993 après une carrière difficile d’opposant politique, empreinte de mépris et de dénigrement, d’emprisonnements et d’autres injustices. 21 ans plus tard, les opposants burundais semblent être des citoyens de seconde zone, subissent toutes sortes d’injustices, y compris le refus de la liberté de réunion et d’association ainsi que des emprisonnements abusifs et des assassinats. Ces pratiques doivent cesser pour l’honneur que nous devons au Héro de la démocratie et à tous ceux qui sont tombés sur le champ d’honneur dans l’espoir de l’émergence d’un Burundi démocratique.
  6. Le FOCODE condamne la lenteur ainsi que le caractère partial et partisan qui caractérisent le processus de mise en place de la Commission Vérité et Réconciliation qui doit faire la lumière sur les nombreux crimes ayant entaché l’histoire du Burundi postcolonial et en appelle à plus de responsabilité des autorités burundaises pour éviter une commission qui diviserait les burundais plus qu’elle ne les réconcilierait. S.E Melchior Ndadaye, qui n’a pas hésité à former un gouvernement comprenant 40% de ses adversaires, devrait rester comme une référence dans la conduite des affaires publiques : l’Etat ne doit plus fonctionner contre une partie de sa population, il doit privilégier le consensus dans la conduite des affaires publiques.
  7. Le FOCODE s’interroge sur les réticences des autorités burundaises à privilégier la mise en place d’un mécanisme pénal dans le processus de justice transitionnelle. En effet, les assassins du Président Ndadaye ainsi que les auteurs des autres crimes graves qui ont endeuillé le Burundi continuent à bénéficier d’une totale impunité depuis l’indépendance.
  8. Le FOCODE recommande enfin :

Au gouvernement du Burundi :

  • D’organiser et de financer une Fondation chargée de promouvoir la mémoire du Président Melchior Ndadaye ainsi que l’idéal et les principes de démocratie dans les nouvelles générations burundaises ;
  • De s’attaquer sérieusement à la question de l’indépendance de la justice pour garantir équitablement les droits et libertés des citoyens du Burundi ;
  • De garantir un processus électoral inclusif et fiable en 2015, notamment en respectant les droits de l’opposition politique dans une démocratie ;
  • De mettre en place une CVR crédible et rassurante pour tous les burundais et de mettre fin à la culture d’impunité des crimes graves de sang commis au Burundi de l’indépendance jusqu’aujourd’hui.

Aux partis politiques :

  • De s’organiser pour une participation cohérente au processus électoral de 2015 en dépit d’un contexte politique difficile ;
  • D’écouter les préoccupations des burundais et de proposer des programmes à l’instar des 46 propositions du candidat Ndadaye aux élections de 1993 ;
  • De rester attachés à la dignité humaine et à la non-violence active.

Aux jeunes et à tous les citoyens du Burundi :

  • De prendre l’exemple sur le courage, l’engagement et la lucidité des deux héros nationaux : Son Altesse le Prince Louis Rwagasore et Son Excellence le Président Melchior Ndadaye. Ils se sont engagés très jeunes et les idéaux d’unité nationale, de démocratie, de justice sociale, de dignité humaine et de développement pour lesquels ils se sont battus seront toujours valables !

A tous ceux qui déposeront une gerbe de fleur à la Mausolée du Président Ndadaye :

  • De se poser la question : « qu’ai-je fait de l’idéal démocratique au Burundi ?»

Fait à Bujumbura le 20 octobre 2014

                                     Le Président du FOCODE 

                                      Pacifique NININAHAZWE


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