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Burundi: Disparition forcée de l’Adjudant Hippolyte Nzitonda, Greffier au Conseil de Guerre

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DECLARATION DU FOCODE n° 014/2017  du 27 juin 2017

« Les autorités burundaises doivent faire la lumière sur la disparition forcée de l’Adjudant Hippolyte NZITONDA, Greffier du Conseil de Guerre enlevé le 03 juin 2016 à Mutakura ».

Paradoxe burundais : quand la disparition des militaires ne préoccupe pas la hiérarchie !

Dans le cadre de sa « Campagne NDONDEZA contre les disparitions forcées au Burundi », le FOCODE a recueilli des informations et des témoignages sur la disparition forcée de l’Adjudant Hippolyte NZITONDA, Greffier au Conseil de Guerre de l’armée burundaise âgé de 40 ans, enlevé à Mutakura le 03 juin 2016 alors qu’il s’apprêtait à accueillir son épouse à l’Aéroport de Bujumbura.

Ce dossier de la Campagne NDONDEZA s’inscrit dans une série de cas de disparitions forcées des membres des corps de défense et de sécurité. Alors que la majorité des cas déjà traités portaient sur la disparition forcée des éléments provenant de l’ancienne armée  (FAB), l’Adjudant Hippolyte NZITONDA a évolué dans les rangs du Palipehutu-FNL dirigé alors par Agathon RWASA avant son intégration dans la nouvelle armée burundaise (FDN). Comme dans les cas d’autres militaires disparus, les autorités de l’armée burundaise semblent insensibles à la disparition forcée de l’Adjudant Hippolyte NZITONDA.

A. Identité de la victime

  1. Fils de Deo MAHENGAMO et de Jacqueline NIMUBONA, Hippolyte NZITONDA est né en 1976 à Rubizi, Commune Kanyosha de la Province Bujumbura (dit Bujumbura Rural), à l’ouest du Burundi. Marié à un sous-officier (une femme) de l’armée burundaise, l’Adjudant Hippolyte NZITONDA résidait dans la Zone urbaine de Cibitoke (Nord de la Ville de Bujumbura) au moment de sa disparition forcée.
  2. Ancien combattant du mouvement rebelle Palipehutu-FNL, Hippolyte NZITONDA a intégré la Force de Défense Nationale FDN, armée burundaise, en 2008 après l’Accord de cessez-le-feu entre le Gouvernement du Burundi et le Mouvement Palipehutu-FNL dirigé alors par Monsieur Agathon RWASA. Jusqu’au jour de sa disparition forcée, l’Adjudant Hippolyte NZITONDA (Matricule 76505) travaillait au Conseil de Guerre en tant que Greffier. Comme la plupart des sous-officiers œuvrant dans les services centraux du Ministère de la Défense Nationale ou de l’Etat-Major Général de l’Armée, l’Adjudant Hippolyte NZITONDA était également affecté au Camp Ngagara.

B. Contexte de la disparition forcée de l’Adjudant Hippolyte NZITONDA.

  1. La disparition forcée de l’Adjudant Hippolyte NZITONDA peut s’inscrire dans le plan de chasse aux membres des forces de défense et de sécurité soupçonnés d’être des opposants au troisième mandat de Monsieur Pierre NKURUNZIZA. Ancien combattant du FNL dirigé par Monsieur Agathon RWASA, l’Adjudant Hippolyte NZITONDA se trouvait ainsi dans la deuxième catégorie des militaires considérés comme des potentiels ennemis du régime de Pierre NKURUNZIZA, après les éléments provenant de l’ancienne armée. Sa disparition forcée le 03 juin 2016 garde les traits d’autres enlèvements commis contre les membres du Parti FNL restés fidèles à Agathon RWASA.
  2. Le 03 juin 2016 était un jour spécial pour la famille de l’Adjudant Hippolyte NZITONDA. Le 31ème Bataillon du contingent burundais de l’AMISOM devrait rentrer à Bujumbura après plusieurs mois de déploiement en Somalie. L’épouse de l’Adjudant Hippolyte NZITONDA, un sous-officier de l’armée burundaise, se trouvait dans les éléments du 31ème Bataillon qui rentraient le 03 juin 2016. Tout impatient de retrouver son épouse après des mois d’absence, l’Adjudant Hippolyte NZITONDA avait sollicité et obtenu la permission d’aller l’accueillir à l’Aéroport de Bujumbura.
  3. Alors que l’arrivée de son épouse à l’aéroport de Bujumbura était prévue à 13h45, l’Adjudant Hippolyte NZITONDA a été enlevé à Mutakura (un quartier au Nord de la Ville de Bujumbura) par des personnes en tenue de la police nationale à bord d’une voiture Corolla noire aux vitres teintées, aux environs de 12h30 selon une source qui s’est confiée au FOCODE. Quelques temps avant son kidnapping, l’Adjudant NZITONDA aurait répondu à un appel téléphonique qui n’a pas été identifié. L’adjudant n’a jamais été retrouvé depuis cet enlèvement.

C. Démarches entreprises pour retrouver l’Adjudant Hippolyte NZITONDA

  1. Depuis le jour de sa disparition forcée, les proches de l’adjudant Hippolyte NZITONDA ont tenté de retrouver le leur en visitant plusieurs cachots et maisons d’arrêt connus, mais ils n’ont eu aucun signe de vie ni même celui de décès de l’Adjudant Hippolyte NZITONDA. Une source a confié au FOCODE qu’après des démarches de recherche auprès de l’Etat-Major Général de l’armée, des proches de l’Adjudant Hippolyte NZITONDA avaient reçu des réponses ironiques les invitant notamment à étendre leurs recherches dans les cachots de la République Démocratique du Congo. Cette attitude n’était pas nouvelle, plusieurs autres familles de militaires disparus ont reçu ce genre de messages ironiques.
  2. Une source au Conseil de Guerre a signalé que le Camp Ngagara dont dépendait la victime et le Conseil de Guerre qui l’employait ont écrit des correspondances pour signaler la disparition et demander l’implication de la hiérarchie dans la recherche de l’Adjudant Hippolyte NZITONDA. Le dossier aurait été confié, selon la même source, au Bureau chargé du renseignement à l’Etat-Major Général de l’Armée(G2) mais aucune suite n’aurait été réservée aux demandes de recherche.
  3. Une source a signalé enfin que l’Etat-Major Général de l’Armée avait suspendu la solde de l’Adjudant Hippolyte NZITONDA en arguant qu’il était décédé, mais aucune preuve de ce décès n’aurait été fournie à son épouse qui en aurait fait la demande. En attendant, comme dans le cas d’autres familles des militaires victimes de disparition forcée, la famille de l’Adjudant Hippolyte NZITONDA n’a obtenu ni l’indemnité de décès ni la pension des survivants puisqu’elle est dans l’impossibilité de prouver le décès de la victime.

D. Silence étrange et indifférence des autorités militaires après la disparition forcée de l’Adjudant Hippolyte NZITONDA.

  1. Depuis la disparition forcée de l’Adjudant Hippolyte NZITONDA le 03 juin 2016, l’armée burundaise n’a jamais communiqué sur ce cas et aucune action connue n’a été entreprise pour le retrouver. Comme d’habitude, l’armée s’est empressée de suspendre la solde de la victime sans offrir aucune autre contribution financière à la famille de la victime comme dans les cas de décès. En effet, en cas de décès d’un militaire, l’armée octroie normalement à sa famille une indemnité de décès correspondant à quatre mois de solde brute du défunt ; la famille reçoit en outre une pension des survivants le cas échéant. La famille de l’Adjudant Hippolyte NZITONDA n’a reçu aucune de ces prestations car elle est dans l’impossibilité de prouver le décès de l’Adjudant. Une situation très complexe que partagent les familles des militaires disparus.
  2. Face à ce mutisme de la hiérarchie militaire, la famille de la victime ne sait plus à quelle institution elle doit se confier et demeure dans l’incertitude totale.
  3. L’Etat-Major Général de l’armée et le Ministère de la Défense Nationale devront expliquer un jour pourquoi ils ne se sont jamais préoccupés des cas des militaires victimes de disparition forcée.

E. Prise de position et recommandations du FOCODE

  1. Le FOCODE condamne la disparition forcée de l’Adjudant Hippolyte NZITONDA et tous les crimes graves commis contre d’autres militaires considérés comme des opposants au troisième mandat de Pierre NKURUNZIZA ;
  2. Le FOCODE condamne le silence et l’inaction des autorités militaires après la disparition de l’Adjudant Hippolyte NZITONDA, tout comme dans d’autres cas de disparition forcées des militaires considérés comme des opposants au troisième mandat du Président NKURUNZIZA ;
  3. Le FOCODE condamne pour la nième fois la persistance des lieux de détention secrète coordonnés par le Service du renseignement intérieur au sein du Service National de Renseignement (SNR) ;
  4. Le FOCODE appelle les autorités de l’armée burundaise à envisager des mesures spécifiques de soutien aux familles des militaires victimes de disparition forcée qui, après la disparition des leurs, se retrouvent dans une situation non prévue par la loi, ne pouvant prouver ni la vie ni la mort du chef de famille notamment ;
  5. Le FOCODE salue le deuxième exposé oral récemment présenté par la Commission d’Enquête sur le Burundi devant le Conseil des Droits de l’Homme à Genève, réitère son soutien à la Commission et lui demande d’accorder une attention aux crimes contre les militaires considérés comme opposants dans son rapport final attendu en septembre prochain ;
  6. Le FOCODE réitère enfin sa demande à la Cour Pénale Internationale de l’ouverture

 

Pour le FOCODE ;

Sé Pacifique NININAHAZWE

Président

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